"Aujourd’hui l’ultimatum de Conte : "Négociation avec l’UE ou j’abandonne"."
03/06/2019
Italie. Revue de presse.
Le discours que le Président du Conseil G. Conte devrait prononcer aujourd’hui à 17 heures fait les gros titres des médias transalpins. La presse écrite indique que cette intervention devrait déterminer la ligne politique du gouvernement et les conditions de sa pérennité dans un contexte budgétaire difficile avec la possibilité d’une procédure d’infraction par la Commission Européenne. Les analystes font également part des préoccupations du Quirinal et mentionnent un « pacte » entre G. Conte et S. Mattarella pour négocier avec Bruxelles : « Conte : changeons ou c’est fini » - ‘’Querelle Salvini-Fico sur la signification du 2 juin’’ (Corriere della Sera), « Conte devant un carrefour, paix avec l’UE ou adieu » - ‘’Je ne signerai pas une procédure d’infraction’’ (La Repubblica), « Le 2 Juin de R. Fico divise le M5S et met en danger le gouvernement » - ‘’Le Président de la Chambre dédie la fête aux migrants et aux Roms, colère de Salvini. Aujourd’hui le discours de Conte’’ (La Stampa), « La loi de finances rectificative, obstacle pour les élections anticipées » (Il Messaggero, Il Mattino), « Conte donne 8 jours à la Ligue et au M5S » - ‘’Un ‘’sursaut’’ demandé aux deux leaders’’ (Il Fatto Quotidiano), « L’implosion du changement » (Il Foglio).
ARTICLE Corriere della Sera M. Galluzzo « Conte : récupérons une méthode sinon il ne sera pas possible d’aller de l’avant » : « ‘’Récupérons une méthode de travail, sinon les conditions pour aller de l’avant n’y seront plus’’ : Ce sera, à quelques mots près, le contenu du message que le Président du Conseil fera aujourd’hui aux Italiens, aux électeurs et à tous ceux qui regardent avec préoccupation les perspectives de l’alliance M5S-Ligue. Le contrat de gouvernement sera toujours le point de repère, mais il devra être réalisé avec une autre méthode. Il est ainsi facile de prévoir un discours qui sera une sorte d’« opération vérité », qui sera adressé aux deux leaders Di Maio et Salvini et qui prévoit également la possibilité d’élections anticipées en septembre ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Conte et le train du vote anticipé » : « Il y a quelque chose de mélancolique et d’inachevé lorsqu’un président du Conseil qui s’adresse aux Italiens, ce qui est son droit institutionnel, ne représente plus un gouvernement « vivant » mais déjà épuisé. Aujourd’hui, Conte rappellera le sens des responsabilités aux deux partis de la coalition, mais il est clair que sa bonne volonté ne servira à rien contre la lacération déjà en cours. Mais alors, pourquoi « l’avocat du peuple » fait-il un geste presque naïf ? Il sait bien qu’en coulisse, on parle de la date des élections anticipées. Il est sans doute, au courant que dans cette hypothèse, la Président de la République va dissoudrait les Chambre le 20-25 juillet. Si cette tentative vise à maintenir un équilibre brisé, il faut vérifier s’il existe une marge d’action. La lettre de Rome, en réponse à celle de la Commission européenne va être évaluée à Bruxelles et si une procédure d’infraction est lancée, la dissolution des Chambres deviendra encore plus plausible, parce que l’Italie aura besoin, dans un délai raisonnable, d’un gouvernement solide et stable. Mais si ceux qui voient une Commission, à la fin de son mandat, plus faible et donc réfractaire aux épreuves de force (par exemple l’économiste Fitoussi), alors les délais de la confrontation pourraient se diluer. Quant à Salvini, il veut sûrement arriver aux élections anticipées sans s’exposer et en laissant à Di Maio la responsabilité de lui offrir cette occasion. Mais ce plan n’est pas simple, Zingaretti a toujours affirmé être favorable aux élections, malgré la victoire probable de la droite, et Gentiloni aussi a laissé comprendre la même chose dans son entretien d’hier dans La Stampa. En tous cas, ce moment arrivera d’ici trois ou quatre semaines et alors cette ligne devra être réaffirmée avec cohérence »
RETROSCENA (Coulisses), La Repubblica, T. Ciriaco : « Aujourd’hui l’ultimatum de Conte : ‘’ Négociation avec l’UE ou j’abandonne ‘’ » : « Ce sera un véritable ultimatum que le président du Conseil Giuseppe Conte prononcera aujourd’hui à 17 heures et ce sera un véritable appel à ses deux vice-présidents du Conseil, Salvini et Di Maio, pour leur rappeler les mois « difficiles » qui attendent l’Italie. Ce discours devra déterminer la ligne politique du gouvernement et les conditions de sa pérennité dans un contexte budgétaire difficile, parce que Conte n’a aucune intention d’être le premier président du Conseil à faire face à une éventuelle procédure d’infraction adressée à l’Italie par la Commission Européenne. Conte a souligné la nécessité d’avoir un mandat pour discuter avec Bruxelles et a communiqué immédiatement sa décision aux Institutions, parce qu’il sait bien que son gouvernement est en jeu. Conte veut négocier avec l’UE et exclut, pour le moment, une réforme de la flat tax, avec une situation en déficit. Le précipice du M5S est donc sur le point d’arriver et le Président du Conseil, qui est resté, jusqu’à maintenant, dans un silence prudent, et qui a compris l’impossibilité d’une stratégie alternative, va s’adresser directement aux deux plaideurs en leur demandant de laisser tomber la campagne électorale permanente ».
ARTICLE Corriere della Sera M. Breda « Europe et comptes publics, ces appels téléphoniques qui inquiètent le Quirinal » : « ‘’Président, vous êtes désormais le seul, tenez bon !’’, voici le ton des messages qu’ont été adressés hier à Sergio Mattarella par les Italiens qui se trouvaient le long des jardins du Quirinal. Des hommages dans lesquels l’affection et la gratitude s’associaient aux sentiments d’inquiétude. Ce climat d’incertitude, en absence de références pacificatrices, a été mesuré vendredi dernier. Le Président de la République aurait reçu des appels téléphoniques de très haut niveau – il ne serait pas hasardeux de mentionner les noms d’I. Visco (Banque d’Italie) et de M. Draghi (BCE) – l’informant des difficultés à freiner l’élan du spread qui frôle les 300 pts. Une performance tellement négative qui nous place derrière la Grèce, avec les coûts que cela implique. C’est la conclusion des déclarations déplacées venant de Rome, incohérentes par rapport aux engagements donnés par ce gouvernement en automne dernier à Bruxelles. Le Président Mattarella a soupesé, par le biais de ses contacts, comment tout cela influence les relations avec l’UE. Et pendant que les pays membres se consultaient sur les nominations, personne ne s’occupait des confrontations bilatérales avec l’Italie isolée. Outre les rumeurs selon lesquelles certains partenaires de l’Europe du Nord auraient fait pression sur Juncker pour qu’il ne cède rien à Rome et pour qu’il se limite à l’application rigide des règles communautaires. Un scénario avilissant pour Mattarella qui conseille la prudence au gouvernement et qui est en train de se résigner à l’éventualité de mettre fin à la législature. De manière rapide mais ordonnée. Cela se traduirait en une ouverture de la crise d’ici la mi-juillet, consultations-éclair et dissolution des Chambres en absence de majorités alternatives pour voter à la mi-septembre. Le temps d’adopter la loi budgétaire et éviter l’exercice provisoire ».
COULISSES Il Messaggero, M. Conti « La loi de finances bis sur le chemin du vote. Et Conte : une méthode s’impose ou l’on ne peut continuer » : « La conférence de presse aujourd’hui du président du Conseil sera une sorte de défoulement en direct télévisé. Il tentera de passer de ‘’garant du contrat’’ à ‘’garant des intérêts des Italiens’’, qui attendent toujours que, Conte, Di Maio et Salvini se mettent autour d’une table et décident comment continuer. Conte demande à Salvini et Di Maio de revenir avant tout au respect réciproque et de retrouver une méthode de travail. Bien sûr, tout dépendra de ce que la Commission européenne dira après-demain à propos de l’énième correction des comptes publics demandée. Par ailleurs, étant donné le spread et les difficultés en Bourse, la demande pourrait venir directement du Quirinal, si les dangers pour la tenue du pays et les attaques spéculatives se confirmaient. Le principe de l’article 97 de la Constitution, que Mattarella a rappelé à plusieurs reprises, précise qu’avoir des comptes publics en ordre est une condition indispensable de sécurité sociale, surtout pour les jeunes et leur avenir. Les signaux de nervosité des investisseurs sont là, et le rapport de Goldman Sachs circule au Palais Chigi, parlant de l’Italie comme de Pluton, un satellite ‘’en fuite de l’Europe’’. Mais l’éventuelle manœuvre corrective risque de représenter un obstacle important sur la voie des élections. Pour Salvini, elle pourrait être un problème ou bien l’opportunité de commencer une éventuelle aventure à la tête du palais Chigi comme président du Conseil, sans poids du passé. Pour Di Maio, c’est le seul argument qui pourrait calmer la cavalcade léghiste ».
RETROSCENA (coulisses) La Stampa A. Di Matteo « Le Président de la Chambre se présente en leader de la gauche » : « Le leader du M5S a sauté au plafond quand il a lu les agences de presse sur les déclarations de R. Fico, qui a dédié la Fête de la République ‘’aux migrants et aux Roms’’, cela à la veille d’une réunion avec G. Conte et M. Salvini très délicate pour l’avenir du gouvernement. ‘’Une déclaration aussi instrumentalisée pendant une journée aussi importante, c’est ça l’aide qu’il veut donner au Mouvement ?’’ aurait dit Di Maio à son entourage. Il y a le soupçon, voire la certitude, que Fico considère l’expérience de gouvernement avec la Ligue désormais comme révolue et qu’il soit en train de se préparer pour la suite. Di Maio n’est pas convaincu des explications données par Fico ‘’je suis fier d’honorer et de servir la Constitution italienne’’. Pour Di Maio ‘’ce n’est pas un hasard, cette décision a été étudiée au préalable’’. Plusieurs parlementaires 5 Etoiles auraient échangé des messages pour attaquer le Président de la Chambre. Même sur la page Facebook et sur le blog du Mouvement, les attaques contre Fico ont été dures. Ce qui est certain, c’est que Fico est persuadé que le moment est venu pour agir, le Mouvement devant revoir son propre profil, son identité. Archiver donc une phase et reporter le M5S sur ses thématiques. D’autant plus, fait-on noter, que Salvini serait désormais décidé de rompre l’alliance. Une stratégie qui est toutefois mortelle pour Di Maio ».
(Traduction : ambassade de France)
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